Un jour au Centre Pompidou, Daniel Pennac aperçoit un homme qui photographie les visiteurs de dos, à la seconde où ils se penchent sur une toile – une démarche qui semble même suspecte puisque, une fois le cliché pris, il s'éloigne à grandes enjambées. Lorsque Pennac le revoit peu après au musée d'Orsay, son comportement l'intrigue tant qu'il le suit dans les rues de Paris, jusqu'au Louvre, où cet homme recommence le même manège...
Et quelle surprise, des semaines plus tard, quand Pennac découvre que son nouveau médecin, le Dr Laurent Mallet, n'est autre que le mystérieux individu ! Ce gastro-entérologue reconnaît les faits, et lui raconte qu'il s'apprête à intensifier son activité de photographe amateur, puisqu'il va bientôt partir à la retraite.
Depuis des années, Daniel Pennac souhaitait rendre compte de cette création photographique hors normes – plus d'un demi-million de clichés pris dans des dizaines de musées. C'est chose faite ici, avec ce roman des regards.
Le regard de l'adolescent qu'était Daniel Pennac lorsque, promenant ses chiens sur le chantier de la fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, il croise trois hommes installant leurs œuvres : Giacometti, Calder et Miró... Celui des collégiens qu'il fait réagir en classe devant quantité d'œuvres picturales, celui de sa fille, mais aussi le sien sur ses tableaux fétiches : le chien semi-caché de Goya, le Dr Gachet de Van Gogh, les Bleu de Miró, la Piazza de Chirico...
En tentant de déchiffrer le mystère de ce photographe – pourquoi autant de clichés ? pourquoi surtout des femmes ? pourquoi toujours de dos ? pourquoi uniquement devant les œuvres d'art des musées ? –, Daniel Pennac élargit sa quête et livre un roman très personnel sur ce que son propre regard retient de la vie.