«Sortez le poète des ruines. Prenez ses yeux, prenez sa bouche. Retenez-le, il se noie encore et encore dans la marée bruyante des pierres. Dans la cadence intime des allusions inouïes. Enfoncez vos doigts dans ses poumons lourds de trop d'archives. Décollez les images démolies et pesantes, ni secours ni envolées, de ses respirations chroniques. Donnez-lui une chance de revenir chanter la beauté muette du jour.» Il arrive que les poèmes aient la forme des nuages et le poids d'énigme des pierres, des cailloux. C'est le cas des textes en prose de Joël Bastard. Ces pièces à forte densité poétique ont l'air obscur à première vue, à l'égal du titre qui les chapeaute. Les thèmes traités sont extrêmement variés : la beauté des choses, le goût des paysages, le monde animal, la géographie des signes, etc. Une fois la lecture commencée, les poèmes s'ouvrent comme des bogues et révèlent un fruit mesuré ou explosif doué d'une telle vitalité, d'un tel rythme, d'une telle force magnétique qu'ils pénètrent en profondeur celui qui les lit, ou l'éclaboussent d'images.
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