Peintre et poète du désert, Hawad est amajagh, c'est-à-dire touareg pour les étrangers. Né en 1950 dans l'Aïr, massif montagneux du Sahara central, il appartient à la confédération des Ikazkazen dont le vaste territoire est aujourd'hui engoncé entre les bornes du Niger qui le séparent de ses ports d'attache touaregs en Libye et en Algérie au nord, au Mali et au Burkina Faso à l'ouest. Enfant, il reçoit une éducation nomade qui l'initie à la mobilité non seulement spatiale mais également sociale, culturelle et linguistique (en plus de sa langue maternelle, il pratique plusieurs langues régionales dont le haoussa et l'arabe). Son imaginaire est marqué par les récits de la résistance anticoloniale menée par ses ancêtres au début du XXe siècle, par l'extermination des combattants (sur les neuf cents foyers Ikazkazen, il n'en restait que soixante à la fin de la guerre) et par le danger de disparition qui pèse sur son peuple et sur sa culture. Echapper aux certitudes, briser l'enclos des vérités apparentes, ne jamais renoncer, même au fond du gouffre, à tailler sa route hors des voies tracées... Voici l'éperon qui anime les personnages éclectiques que Hawad met en scène dans sa poésie "de la soif et de l'égarement". Ces êtres traversent le désert, minéral autant qu'humain. La frontière à dépasser, qu'elle soit matérielle ou immatérielle, est un thème omniprésent dans l'oeuvre de Hawad. Sa poésie au goût de silex et de soif, comme ses calligraphies qui semblent balafrer l'espace avec un poignard, sont les marques d'une fureur que rien ne saurait apaiser. Il est, par la voix et le geste, un stupéfiant poète "furigraphe". (Extraits de la préface d'Hélène Claudot-Hawad).
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