Résumé
Si l'autre n'existait pas, qui serions-nous ? J'ai commencé à réfléchir à ma propre identité, lors d'un voyage au Mali, dans les villages, au contact d'un quotidien riche d'altérité : « Apprends à lire l'homme en regardant le ciel », m'a souf- flé Moktar. Je n'y avais pas pensé une minute ! Daouda a poursuivi ma méta- morphose, en me proposant ses fumigations, à base de plantes, pour m'aider à m'endormir le soir, dans la cour, avec les poules. Les enfants circulaient, la nuit, au gré de leurs envies, sans se soucier de l'heure, dans un rapport au temps quelque peu différent du mien. Les familles migrantes ont été rencontrées dans un cadre culturel spécifique : la Protection de l'enfance. Comment penser le « danger » qui touche le mineur dont la famille a « les pieds ici, et la tête ail- leurs » ? Par quel détour, considérer les valeurs « d'autrui », permettre qu'elles s'expriment ? Comment transmettre ce qui a façonné nos contextes d'interven- tion, afin de construire une passerelle de compréhension entre les mondes ?À travers « l'autre, et ses mots », ses images, sa mémoire affective, se dessinent les contours des identités individuelle et collective. Les humanités se parlentL'écriture fait trace, tout en proposant des chemins. La méthodologie d'ap- proche, contenue dans « mes mots », prend en compte tous ces voyages, tous ces exils, dont celui de mon père. J'invite tous les aventuriers du secteur social-mé- dical-éducatif, tous ceux qui travaillent avec l'humain, aux multiples facettes, à évaluer leurs propres pratiques, pour penser le métissage de la société de demain... En cela, la proposition leur est faite, dans cet ouvrage, de décon- struire leur propre identité pour en comprendre les mécanismes et les possibles projections : aller vers l'autre, sans se confondre avec lui, mais en ébranlant nos certitudes, pour les construire autrement. N'est-ce pas là, souvent, ce que nous demandons, nous, les professionnels du social, aux familles que nous accompa- gnons : le changement ?