Je suis parti depuis deux semaines seulement, c'est bien peu de temps. Mais il me semble avoir vécu plus en l'espace de ces quelques jours qu'en une année de ma vie routinière. Je me sens si loin de chez moi. Si loin de l'existence que je menais il y a peu encore. C'est comme si, exilé, j'avais pénétré de nouveaux mondes. Des mondes intérieurs. Tout y est différent : l'environnement, le pays, la langue, le climat, la nourriture, le relief, la végétation, mais plus important encore, mon mode de vie, ma capacité à penser, la foi et le coeur que je mets dans chaque instant. L'intensité qui m'habite. Ce ne sont ni les jours ni les kilomètres qui font la distance. C'est le regard que je porte sur ce qui m'entoure, c'est cette façon de ressentir. Je les avais oubliés, je les redécouvre. C'est tout ce qui fait de moi un être vivant.