Le présent ouvrage a paru dès le mois de juin 1968 aux éditions Éric Losfeld à Paris. Walter Lewino a d'emblée mesuré la portée historique des événements qui se sont précipités du 3 au 13 mai 1968 à Paris. Avec Jo Schnapp, muni de son appareil photographique, il a tenu à en conserver les traces spontanées, vouées à disparaître, puisque la rue en a été le théâtre. Les murs du Quartier latin ont pris la parole. Puis les couloirs de la Sorbonne ont résonné de leurs cris. Estimant que ces inscriptions étaient pour une bonne part d'inspiration situationniste, Walter Lewino a reversé l'année suivante la moitié de ses droits d'auteur à l'Internationale situationniste. Les membres lui ont alors exprimé leur gratitude par ces mots laconiques : « Merci pour la phynance, Sans temps mort, sans entraves. » Ce témoignage en mots et en images s'enrichit dans la présente édition d'une préface de Michèle Bernstein, d'une postface de Alain Schnapp et de photographies inédites de Jo Schnapp, dont des inscriptions à main levée sur le papier, autres appels spontanés à l'insurrection par voie d'affichage. Il est également augmenté d'un ensemble d'images prises au cours de la seconde quinzaine de mai, alors que l'invasion estudiantine choisit l'Institut d'art et d'archéologie, construit par l'architecte Paul Bigot dans les années 1920 et sis rue Michelet à Paris, comme lieu de réunion des comités d'action. Assiégées par les « CRS », eux-mêmes saisis par l'objectif de Jo Schnapp, la cage d'escalier et la salle du quatrième étage de l'Institut - salle qui conservait encore peu de temps auparavant la maquette en volume du plan de Rome - renvoient en écho à la charge insurrectionnelle des slogans des rues mais font aussi entendre une autre voix ou, plutôt, nous font voir une autre facette de ce réservoir de créativité et d'humour qu'aura aussi été Mai 68.
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