Résumé
D'Adel Abdessemed, artiste dont la langue n'est que forme pure, Hélène Cixous est depuis plusieurs années la voix, le porte-voix, peut-être la pythie. Elle parvient à approcher, comme personne jusqu'alors, l'oeuvre de l'artiste dont elle donne le ton et le timbre, dont elle met au jour la pulsion souveraine, inentamée et, pourtant, innocente.Né en 1971 à Constantine, Adel Abdessemed quitte l'Algérie dans des circonstances dramatiques en 1994 et devient bientôt un artiste dont la reconnaissance se dispute à la controverse. Pour preuve sa vidéo Don't trust me (2008) où figurent des scènes d'abattage d'animaux à coups de masse, et sa sculpture monumentale du Coup de tête de Zidane exposée sur le parvis du Centre Pompidou lors de l'ambitieuse exposition qui lui est réservée en 2012L'artiste ne saurait être violent ou transgressif : il ne fait que présenter, que représenter la violence à l'oeuvre dans le monde, sans puritanisme ni jugement moral. Ainsi est le monde, ainsi sont les bêtes, Ecce Homo, nous disent Adel Abdessemed et, à sa suite, Hélène CixousFaibles, oubliés, migrants, balayeurs, animaux que l'on abat ou que l'on révère : le bestiaire de l'artiste sera évoqué par des oeuvres majeures, souvent récentesÀ cet effet, Hélène Cixous a choisi pour accompagner son texte une cinquantaine de dessins à la craie noire et de sculptures monumentales qui, magnifiques, rendent tous justice au talent protéiforme de l'un des artistes les plus importants du siècle.