Le moulin à paroles se dressait depuis très longtemps tout en haut de la colline. Le vent apportait jusqu'à lui les conversations des villageois, grands et petits. Il faisait alors valser les syllabes de ses grandes ailes colorées, les brassant avec gourmandise. Il créait en mélangeant le tout, des phrases fraîches et des mots nouveaux, que le meunier distribuait au village. Un jour, le maire fit installer un distributeur de mots automatique sur la Grand-Place et très vite, les villageois n'utilisèrent plus que lui. Mais ce distributeur moderne et clinquant ne vendait que des phrases toutes faites et uniquement des mots raisonnables et sans saveur...