Résumé
Après La Neige noire d'Oslo (Anacharsis, 2014) et Palmiro (Anacharsis 2015), le cycle des écrits romanesques de Luigi Di Ruscio se clôt avec Cristi polverizzati.C'est le roman de formation d'un déclassé en même temps qu'un témoignage sur l'Italie de la seconde guerre mondiale jusqu'aux années 1960, une époque entre fascisme, résistance et reconstruction parcourue de vagues modernisatrices aussi enthousiasmantes que dévastatricesLe récit, autobiographique, s'ouvre sur le choc de la naissance pour se déployer à coups de flash-back et de retours au présent de l'écriture qui questionnent inlassablement l'oeuvre en construction. Le lecteur se voit ainsi propulsé dans un texte acrobatique où se mêlent récit mémoriel, aventures fantasmagoriques et coups de gueule. Sans jamais se départir d'un regard ironique toujours démystifiant, cette oeuvre inclassable se construit par leitmotivs : Dieu, le parti communiste, les poètes, l'horreur, la vitalité physiqueLe titre renvoie à un personnage, compagnon de route du narrateur, qui vend des christs en plâtre, « pulvérisés » de faux bronze. Ces «Christs pulvérisés » évoquent aussi bien l'hypocrisie des autorités religieuses que la volonté de pulvériser toutes formes de domination par la violence de l'écritureChrist pulvérisés raconte ainsi l'histoire d'une seconde naissance, par l'écriture cette fois. Di Ruscio a fait de sa «mauvaise alphabétisation » une force, refuse la langue réglementaire, revendique une écriture déconstruite qui possède la vitalité et la spontanéité de l'oralité, mêlant archaïsmes, éléments dialectaux, néologismes, lapsus, erreurs orthographiques et grammaticales pleinement assuméesUn style non prémédité propre à enfreindre toutes les règles.