El Quiñon a été construite en quelques années sur le territoire de la commune de Seseña, à environ trentecinq kilomètres au sud de Madrid. Cet énorme ensemble d'immeubles exhibe l'évidence de son exécution rapide. Tout est également neuf. C'est la combinaison du lourd gigantisme et du sentiment de brièveté de réalisation qui stupéfie le plus, certainement, et qui donne consistance à l'image mentale d'un furieux déferlement de béton, d'un délire maçonné venant à peine moins vite qu'un raz-de-marée recouvrir le monde, inondant de plateformes, d'immeubles et de routes toute la surface des paysages, et qu'on imaginerait capable en une seule nuit d'édifier une ville au milieu de laquelle se réveilleraient, croyant avoir été téléportées ou être soudain devenues folles, quelques familles qui n'occupaient encore qu'un hameau de campagne lorsque, la veille au soir, elles éteignirent les lumières des chambres à coucher pour s'abandonner au sommeil.Projet El Pocero est une déambulation dans cette ville fantôme, symbole parfait de la folie spéculative qui s'est emparée de l'Espagne au milieu de la première décennie 2000. Symbole également d'un capitalisme sauvage, outrancier, qui a précipité l'économie mondiale dans une chute vertigineuse.
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