Un tel manifeste en faveur de l'abstention serait aujourd'hui impensable. Pour autant, il ne cherche point à favoriser le désengagement mais à dénoncer la mystification du système électoral qui pare de la légitimité du vote les extorsions des puissants. Selon Mirbeau, les institutions demandent à l'électeur son aval pour l'abêtir. Or, Mirbeau le prend à partie sur l'absurdité de sa contribution au grotesque spectacle de sa quête aux suffrages. Avec humour et dérision, il attente à la respectabilité des institutions, dénonce "la protection aux grands, l'écrasement aux petits". Sans visée utopique, cette critique radicale nous lègue les armes capables de nous défaire du conditionnement qui annihile le plus faible ; une vision juste, qui nous dérange encore plus de 120 ans plus tard !