Avec ces Hypnoses, Bruno Mabille fait du lecteur le confident des pensées, des ravissements, des interrogations d'un poète lorsqu'il n'écrit pas (ou très peu) de poèmes. Les textes bondissent de numéro en numéro comme des enfants jouant à la marelle et un dessein se construit par méditations, réflexions, critiques ou lectures. Tel paysage pourrait être rocailleux mais non, il est fluide comme le lac d'Annecy, il berce comme une houle océane, Le poète aime à fouler les pentes du Ventoux avec Pétrarque, à humer les roses de Grignan auprès de Philippe Jaccottet, Ce goût sensuel de la nature s'étend à la danseuse africaine, à la passante provocante, à la parturiente de l'univers selon Courbet, aux héroïnes antiques. Les méditations se poursuivent avec les philosophes, les cinéastes, les romanciers, les autres poètes. Amusant ce larcin d'un poème de Pierre Reverdy offert, sous son nom, à une petite amie. Terrible, mais critique, l'évocation de la question juive auprès d'Adorno, Jankélévitch ou Celan.