Librairie Jean-Jacques Rousseau

Résumé

De même que la médecine de Mengele à Auschwitz était adaptée à la doctrine hitlérienne, ou que le lyssenskisme était la seule réalité scientifique compatible avec le stalinisme, la science «postindustrielle» produit une avancée conforme à la politique actuelle avec l'invention et la dissémination des organismes génétiquement modifiés. Selon la propagande institutionnalisée, au même titre que l'atome qui, après Hiroshima, offrait la promesse d'une production d'énergie illimitée, les OGM permettront l'éradication de la faim dans le monde et de grandes avancées thérapeutiques. Mais les OGM ne sont pas seulement porteurs d'un gène étranger introduit en eux par des scientifiques au service de multinationales et d'États. «Les OGM sont surtout porteurs d'une politique» et constituent une avancée vers un HGM, un «humain génétiquement modifié». Philippe Godard dirige plusieurs collections de livres documentaires, no­tamment aux éditions Syros («J'accuse !» et «Documents Syros», sur la politique). Il est l'auteur, chez Homnisphères, de «Contre le travail» (2005) et de «Au travail les enfants !» (2007). Extrait du livre : LES ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS ne sont pas seulement porteurs d'un gène étranger introduit en eux par des scientifiques au service de sociétés privées ou d'États. Les OGM sont surtout porteurs d'une politique. En même temps que les OGM se disséminent, ceux qui les fabriquent et les vendent affinent le contrôle des êtres humains, de leur nourriture, de leur environnement. De leurs vies. Leur politique est une dictature dont l'enjeu est l'humanité -au double sens de la totalité des humains, et d'un ensemble de qualités dont nous sommes porteurs. Si cette tentative de contrôler la vie réussissait, cela permettrait en outre aux firmes de biotechnologies d'amasser un formidable pactole financier. Mais notre combat contre les OGM est loin d'être perdu, et la désespérance est hors jeu. À condition cependant de réorienter notre lutte. De nombreux éléments nous montrent que les OGM ne sont pas une fatalité. Il est urgent de rompre avec les textes apocalyptiques et défaitistes diffusés par les opposants, qui constituent un facteur de démobilisation et de découragement. Bien sûr, les OGM représentent une menace majeure, et ce ne sont pas les pages qui suivent qui tenteront d'édulcorer le tableau. Mais trop souvent, les critiques s'essoufflent avant d'arriver là d'où le point de vue pourrait enfin être différent et ouvrir une perspective radicalement autre. Nous nous plaçons ici dans une telle perspective : écologique, anti-étatique et anti-économique. En un mot : émancipatrice.