Résumé
Quand Marx écrit Sur la question juive, à Kreuznach en 1843, il s'en prend à l'un des plus célèbres intellectuels allemands de l'époque, Bruno Bauer, chef de file des Jeunes-hégéliens, qui vient de publier une brochure sur le sujet. Dans le texte de Marx, la situation des juifs sert d'exemple concret et d'argument pour traiter de sujets beaucoup plus vastes, pour faire une critique fondamentale de l'État, de ses rapports avec la religion en général, avec la société civile. Le noeud du livre, c'est l'émancipation. Pour la première fois, Marx fait la distinction fondamentale entre l'émancipation politique (celle que réclament par exemple les juifs allemands, pour s'aligner sur la situation en France), qui est une première étape, nécessaire mais incomplète - et le monde parfait, le monde non contradictoire de l'émancipation humaine. Avec Sur la question juive, Marx a été accusé d'antisémitisme. Des livres ont même été écrits pour le prouver (Robert Misrahi, Marx et la question juive). En réalité, quand Marx écrit Quel est le culte profane du juif ?Le trafic. Quel est son dieu ? L'argent..., il ne fait que ramener l'élément religieux du problème juif à sa nature sociale. Et quelques lignes plus loin, Marx s'explique : Si le juif reconnaît le néant de sa nature pratique et s'efforce de la vaincre, cet effort le libère de tout ce qui fut jusque là son développement, il oeuvre pour l'émancipation humaine tout court. Hannah Arendt, peu suspecte de sympathie marxiste, insiste sur le fait que la critique marxienne des juifs n'a rien à voir avec l'antisémitisme de l'époqueUn livre brillant, offensif, présenté par Daniel Bensaïd, l'un des meilleurs spécialistes actuels de la pensée de Karl Marx. Une nouvelle traduction.