Best-seller traduit en vingt langues, Les Prisons de la misère a renouvelé le débat scientifique et civique sur les rapports entre châtiment et inégalité dans les sociétés avancées. L'ouvrage révèle les voies par lesquelles un "sens commun" punitif (police dite de tolérance zéro, peines planchers, plaider-coupable, couvre-feux, incarcération à tout-va), élaboré en Amérique par un réseau de think tanks néoconservateurs, s'est internationalisé, dans le sillage de l'idéologie économique néolibérale dont il est la traduction et le complément en matière de "justice". Il participe de l'avènement d'un nouveau gouvernement de la misère mariant la main invisible du marché du travail déqualifié et dérégulé au poing de fer d'un appareil pénal intrusif et omniprésent en bas de l'échelle des classes et des quartiers. Cette nouvelle édition revient sur les évolutions pénales de la décennie passée et montre comment la tornade sécuritaire s'est étendue aux pays du Second monde. Il retrace un processus de pénalisation de la pauvreté et éclaire d'une lumière crue la transformation de l'Etat à l'ère du néolibéralisme triomphant. Car le retour imprévu de la prison sur l'avant-scène institutionnelle ne s'explique pas par l'évolution de la criminalité, pas plus que par l'efficacité supposément accrue des bureaucraties policière et judiciaire. Il résulte de choix politiques étayés par des asymétries de pouvoir. L'inflation carcérale qui sévit pratiquement partout en ce début de siècle n'est pas une fatalité mais une politique publique. Il s'ensuit qu'on peut la remettre en question et, à terme, l'inverser par d'autres politiques.