Résumé
Entreprise nourrie du désir juvénile et mystique d'étreindre l'univers entre les pages d'un livre, ce roman pratique un ludisme radical en jouant avec les divers éléments constitutifs de la construction narrative. Avec la langue elle-même et avec le genre, également : almanach, fable morale, grimoire, livre des mystères, encyclopédie, récit utopique, conte philosophique, ce livre se présente avant tout comme un atlas, et l'auteur, sous les traits d'un cartographe, lance au lecteur-voyageur une invite inusitée. On y joue encore avec la structure romanesque, qui se déploie en un entrelacs de trois axes narratifs. Le premier des axes évoqués raconte les aventures d'une bande d'amis, famille utopique composée par affinités électives. Ces huit hurluberlus partagent une maison à laquelle ils ont ôté le toit afin de supprimer une barrière entre eux et l'harmonie des sphères. Grands rêveurs, ils partagent également leurs songes. Au sujet de ceux-ci, on peut lire dans ce roman régi par un onirisme flamboyant : "Au cours de la vie les rêves peuvent rapetisser, grandir, se transmettre, se perdre, se prêter, s'offrir, se voler. Il convient de les garder soigneusement. Ils ne conditionnent pas seulement la dimension d'un individu, mais, additionnés les uns aux autres, celle de l'humanité."