Loin des steppes cosaques, Vladislav Otrochenko galope ici dans des terres de haute fantaisie. En homme libre, se défiant du temps et de la géographie, il explore sa propre conception de l'espace et visite les grandes oeuvres universelles - Catulle, Ovide, Pouchkine, Platonov, Nietzsche, Schopenhauer... Il s'arrête sur certaines bizarreries ou mystifications, s'amuse des incohérences. Dans un cycle de petits textes sur Gogol, il dérape joyeusement vers le fantastique avec la minutie d'un enquêteur policier. Au-delà de l'ivresse du mensonge, se dégage peu à peu une interrogation puissante sur la réalité et l'histoire. A l'heure où les conflits ébranlent l'Europe, où les peuples se replient et la pensée s'englue dans le présent immédiat en quête de certitudes, la mise à distance est plus que jamais nécessaire. C'est sans doute la seule leçon de la littérature. Par-dessus toutes les frontières, cette défense de la gratuité, des mystères et des opacités a force de manifeste.