J'ai toujours été frappé par un paradoxe : chez les Grecs, le mot "crise" - "Krisis" - correspond au moment qui permet le diagnostic d'une maladie, c'est-à-dire, le moment où des symptômes très nets de telle ou telle affection apparaissent et permettent aux médecins de dire qu'il s'agit de la rougeole ou de la grippe. Alors que le mot "crise", dans le sens où nous l'entendons aujourd'hui, signifie exactement le contraire : il traduit la difficulté de faire un diagnostic. La crise en somme apporte une incertitude. J'ai donc entrepris d'analyser la signification de ce mot. Parmi les ingrédients inhérents à la notion, il y a l'idée d'une progression des incertitudes. Lorsque l'on parle de crise ministérielle, c'est qu'on ne sait pas très bien quels seront les nouveaux ministres ou le nouveau chef du gouvernement. Même chose, pour une crise économique, dont on ne sait ce qui en sortira... E. M.