Résumé
C'est l'histoire de ce qui se passe dans la tête d'un homme. Ou le roman vrai de Manuel Cortès, rêvé par son fils – avec le perroquet Heidegger en trublion narquois de sa conscience agitée –, Manuel Cortès dont la vie pourrait se résumer ainsi : fils d'immigrés espagnols tenant bistrot dans la ville de garnison de Sidi-Bel- Abbès, en Algérie, devenu chirurgien, engagé volontaire aux côtés des Alliés en 1942, accessoirement sosie de l'acteur Tyrone Power – détail qui peut avoir son importance auprès des dames... Et puis il y a tout ce qui ne se résume pas, tous ces petits faits vrais de la mythologie familiale, les manies du pêcheur solitaire en Méditerranée, les heures douloureuses du départ dans l'urgence, et celles, non moins dures, de l'arrivée sur l'autre rive de la mer, de cette famille rapatriée. Dans l'épaisseur de la chair est un roman ambitieux, émouvant, admirable. Qui s'ancre d'abord dans l'amour, l'estime infinie d'un fils pour son père. En bref... C'est, à travers l'histoire personnelle d'un homme, tout un pan de l'histoire de l'Algérie, depuis l'arrivée des grands-parents, venus d'Espagne, jusqu'au retour en France, au début des années 60. Et ça commence par une apostrophe terrible, lancée par le père à son fils – Tu n'as jamais été un vrai pied-noir ! – doublée d'une question en écho : Qu'est-ce qu'un vrai pied-noir ? Le récit est enlevé, brillant, philosophique, drôle (on y retrouve Heidegger, le perroquet de Là où les tigres sont chez eux), émouvant bien sûr, sur une période encore peu explorée dans le roman contemporain... Et avant tout, le magnifique hommage d'un fils à son père.