Un peu d'obésité chez un honnête homme israélien est loin d'être une disgrâce. Sauf s'il décide de maigrir à tout prix. Malgré les moqueries affectueuses de son épouse et des grands-parents, notre homme multiplie en vain les régimes : tout fruit, tout viande, ou tout carotte. Une diététicienne de renom lui recommande le tout olive. Il finit par avaler un noyau qui se fiche dans l'épigastre. Et voilà qu'un beau jour quelque chose bourgeonne de son oreille gauche, une pousse d'olivier dirait-on, phénomène qui sera à l'origine d'un véritable big-bang local...À partir d'un événement pour le moins insolite, traité à la manière positive du conteur, Benny Barbash nous offre une fable à mourir de rire, d'une pertinence abrasive. Dans le contexte épineux du drame palestinien et de l'occupation des territoires..Du petit incident de santé pour le moins inaccoutumé d'un citoyen ordinaire, bientôt amplifié jusqu'à devenir un fait-divers emblématique d'audience nationale et même internationale, l'auteur tire un conte moral d'une redoutable efficacité dont la portée ne saurait nous échapper à l'heure des négociations pour l'indépendance des territoires palestiniens et du retrait conséquent des colonies illégalesSimple drame ménager au départ, le polype de forme végétale dans l'oreille du père de famille attire l'attention et les commentaires d'une épouse flegmatique, d'une grand-mère poule typique, d'un grand-père astrophysicien qui ramène drôlement chaque fait de ce coin de terre à la démesure cosmiquePartant du principe qu'une bonne fable est une manière de prendre l'actualité au pied de la lettre, Benny Barbash semble évoquer dans ce roman certaine déclaration de colons intégristes interdisant de prendre part « à toute action qui viserait à déraciner les Juifs de n'importe quelle partie de notre terre sacrée ». En moderne voltairien qui cultive la satire sous le couvert d'une fiction invraisemblable racontée posément à la manière de Marcel Aymé ou d'Italo Calvino, l'auteur de My First Sony revient sur les pesanteurs politiques et idéologiques de la société israélienne, à la fois ouverte à la modernité et bloquée dans son déni des droits du peuple palestinien à disposer d'un territoire souverainCes archaïsmes, Benny Barbash les analysent l'air de rien, sur le mode de l'allégorie et de la parabole, dans un scénario remarquablement bien ficelé où le mythe de l'olivier symbiotique trouve un terrain à réflexion particulièrement fertile.