L'expertise de l'Inserm préconise le repérage du trouble des conduites du jeune enfant par l'ensemble des professionnels de la santé et de l'enfance, son dépistage étant censé constituer une façon de prévenir les risques de délinquance. Or, les projets gouvernementaux prévoient, eux, un repérage chez les jeunes enfants des problèmes comportementaux, prémices de déviances possibles . Cet amalgame et cette approche réductrice menacent de faire désigner comme des délinquants en puissance des enfants dont les actes seraient interprétés comme l'expression d'une personnalité pathologique à traiter. En médicalisant des phénomènes complexes à la fois psychiques, éducatifs et sociaux, l'expertise de l'Inserm, discutable sur le plan scientifique, sème la confusion entre maladie, souffrance psychique, expression d'un malaise social, et problèmes d'éducation. Elle tend aussi à promouvoir une orientation comportementaliste en négligeant les pratiques des professionnels de terrain qui ont développé d'autres approches du symptôme de l'enfant. L'utilisation à des fins de contrôle social de ce document de l'Inserm risque de transformer les consultations, crèches, écoles maternelles et lieux de soins pour les petits, en des lieux de surveillance des conduites des enfants et des capacités éducatives de leurs parents. Et cela à partir de préjugés non fondésIl existe pourtant en France, de longue date, des professionnels qui développent une prévention et des prises en charge respectueuses des parents et de la singularité de chaque enfant. Ils savent que la confiance des enfants et des parents est la condition de leur action. Ils font ici part de leur expérience, de leurs convictions et contribuent aux débats que la pétition Pasde0deconduite a voulu initier.
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