Vérité et politique n'ont jamais fait bon ménage. Platon déjà reprochait aux sophistes, qui enseignaient l'art oratoire aux gouvernants, de travestir la vérité au profit d'une multiplicité incertaine et changeante d'opinions. Le divorce a été consommé dans les siècles démocratiques. Noblesse de la vérité philosophique d'un côté, affrontement des opinions de l'autre. Mais la coupure est-elle si nette ?Gloria Origgi montre que la vérité n'a jamais disparu du débat politique. Elle a toujours été là pour guider les comportements humains et légitimer l'action politique. Elle a cependant changé de statut aujourd'hui. Comment sommes-nous entrés dans l'ère de la « post-vérité » ou des « faits alternatifs » ?Il faut, c'est le sujet de ce livre, prendre au sérieux l'assaut que subit la vérité et ériger des frontières intelligibles entre la persuasion politique légitime et la propagande, entre une science, qui est le lieu où les vérités sont produites, indépendante, et une science au service de l'opinion. Il faut mener la guerre à la désinformation et reconstituer les bases d'une connaissance partagée.La vérité doit redevenir notre boussole politique si nous voulons que la démocratie survive aux faussaires.