On a récemment pu écrire de l'oeuvre poétique de Maya Abu Al-Hayyat : « Depuis 20 ans, ses poèmes semblent vivre sur un carrousel : avec le temps ils reviennent pour raconter la même histoire ». L'anthologie qu'elle a composée à partir de ses trois derniers recueils procure exactement cette sensation d'un temps cyclique, voire immobile - celui de la situation des Palestiniens en Palestine. La vie pourtant quand même passe, « Oh merveille » écrit-elle, avec ses petits bonheurs, ses peurs abyssales, ses révoltes rentrées, ses accès de panique. Encore et encore.À l'enseigne du titre qu'elle donne à l'anthologie, ses raccourcis ressemblent souvent à des litotes qui tournent mal. Quand par exemple elle demande « comment tu as traversé la rue », elle se doit de préciser « à ta sortie de prison ». Une poésie de la douche froide, comme sans y toucher. Le premier vers du poème Nous sommes tombés nous rassure, « Nous sommes tombés amoureux », et se poursuit plus loin par « Et nous ne savions pas que tu allais mourir / D'une balle côté gauche »Le recueil est une anthologie, composée par l'autrice Maya Abu Al-Hayyat, à partir de ses livres Ce sourire... ce coeur (2012), Robes d'intérieur et guerres (2015) et La peur (2021). La traduction s'efforce de respecter la limpide architecture formelle des poèmes et de perpétuer l'espèce de flottement d'une sensibilité à la fois toujours aux aguets et réceptive aux signaux faibles de la vie ordinaire pourtant presque impossible à vivre dans un tel contexte.