« Dans la vie il est des blessures qui semblables à la lèpre lentement dévorent et entament l'esprit dans sa retraite. » L'incipit de La Chouette aveugle est de ceux qui restent gravés dans les mémoires et dessinent en quelques mots un univers. Celui de Sâdeq Hedâyat est sombre, oppressant et morbide. Le narrateur de son roman, alterne les temps d'apaisement halluciné, que lui apporte l'opium, et les moments où il crie avec une acuité déchirante et une lucidité implacable son dégoût du monde et de la bassesse des comportements humains. La nouvelle traduction de Sébastien Jallaud proposée dans ce volume colle au texte de l'auteur, emprunte le rythme si particulier de ses phrases et restitue la crudité de ses analyses.Imprimée pour la première fois en 1937 à Bombay, La Chouette aveugle connut une histoire éditoriale particulièrement complexe. Outre la traduction du roman, l'ouvrage donne à lire le résultat des recherches menées par Sébastien Jallaud, dans les bibliothèques et archives d'Europe et d'Iran, sur les différentes éditions du texte en persan, le contexte de publication de la première traduction française du roman (en 1953) et le séjour de Sâdeq Hedâyat en Inde. L'ouvrage contient enfin la toute première édition critique du texte persan de La Chouette aveugle ainsi que celle de deux courtes nouvelles écrites en français par Sâdeq Hedâyat, très probablement lors de son séjour indien.