Résumé
L'épisode grec en 2015 a mis le problème de l'euro au centre des débats de la gauche européenne. Sur la base d'une analyse des causes de la crise de la zone euro et de l'intégration européenne, cet ouvrage défend que cet instrument de polarisation sociale et de domination politique peut et doit être abandonné. En examinant les cas de la Grèce et de la France, il analyse les dimensions économiques et politiques de ce projet d'une sortie de la zone euro au service d'une politique progressiste.Dans « Un programme de salut public pour la Grèce », Heiner Flassbeck et Costas Lapavitsas analysent les causes de l'échec de la zone euro et les raisons de la défaite de Syriza, puis présentent dans le détail un programme économique et politique alternatif pour la Grèce. Sur la base d'une analyse économique rigoureuse, ils montrent que le coeur du problème de la zone euro réside dans l'écart de compétitivité en faveur de l'Allemagne causé par les politiques néo-mercantilistes mises en oeuvre dans l'Union européenne dès les premiers jours de l'euro. Dans ce contexte, dont toutes les coordonnées politiques actuelles montrent qu'elles ne pourraient changer de l'intérieur des institutions de l'Union européenne, un programme politique de gauche doit s'appuyer sur des mesures spécifiques, dont les auteurs expliquent la nécessité: annulation de la dette publique, fin immédiate des politiques d'austérité, nationalisation des banques systémiques, restructuration du secteur productif et démocratisation des institutions étatiques. Toutes ces mesures impliquent nécessairement une sortie de la zone euro, et pour la Grèce une rupture immédiate avec les mémorandums, dont les auteurs décrivent précisément les conditions de mise en oeuvre. Ce faisant, ce texte contribue de manière décisive, à partir du cas grec, au débat sur un « plan B » en EuropeDans « La gauche et la monnaie européenne : Face A, Face B », reprise d'une conférence au sommet du plan B à Madrid, Cédric Durand montre d'abord pourquoi la nature de l'Union européenne et de la zone euro rendent quasi-impossible la proposition d'un « plan A », celui de l'hypothèse d'un « bon euro » permettant le financement monétaire des dettes publiques, la construction d'un État social européen et un plan d'investissement continental favorisant la création d'emploi et la transition écologique. Il présente ensuite les grandes lignes d'un nécessaire « plan B », impliquant une sortie de la zone euro, en envisageant d'abord l'hypothèse qu'une telle décision politique soit prise dans un pays de la zone euro - par exemple la Grèce, le Portugal ou l'Espagne - puis celle d'une sortie de l'euro mise en oeuvre à partir d'un pays du Centre, par exemple l'Allemagne ou la FranceDans « La sortie de l'euro, un enjeu internationaliste », Guillaume Etiévant analyse les dimensions nationales et internationales d'un projet de rupture avec l'euro. Alors que ces dimensions sont souvent opposées par les adversaires de gauche de cette position, qui oppose un « vrai internationalisme » à une position « souverainiste » nécessairement « nationaliste », l'auteur montre comment pourraient s'articuler mesures nationales unilatérales en rupture avec les traités européens et dynamique internationale autour d'un projet de sortie de la zone euroDans « Diem échouera », Frédéric Lordon répond aux critiques du projet de sortie de la zone euro en s'opposant au projet de démocratisation « de l'intérieur » de l'Union européenne et de la zone euro porté notamment par le mouvement initié par Yanis Varoufakis, Democracy in Europe Movement. Il montre l'inanité de l'argument idéologique selon lequel la sortie de la zone euro signifierait un « repli national » et les raisons de l'échec annoncé du projet d'un « euro démocratique »Cet ouvrage collectif contribue, sur la base d'analyses économiques rigoureuses et présentées de manière pédagogique, au nécessaire travail de clarification théorique et politique des positions des adversaires et partisans de la sortie de la zone euro. Il constituera ainsi un ouvrage de référence dans les débats en cours au sujet d'un « plan B » en Grèce, en France et en Europe.