On assiste depuis plusieurs décennies à la remise en cause progressive d'un choix de société qui plaçait la culture, l'émancipation par la connaissance et la démocratisation du savoir au coeur d'un projet politique pour tous. Si la France, où a été inventé le prix unique du livre et le statut d'intermittent du spectacle, demeure le pays où il y a le plus de librairies, de cinémas, d'associations, de pratiques des arts et de la musique, cette réalité est aujourd'hui menacée, au nom du réalisme économique, par des élites économiques et politiques dont le mépris de classe ne prend même plus la peine de se cacher. Cette évolution dessine aussi l'histoire d'attentes déçues et d'un déclin annoncé : celui d'une petite bourgeoisie dont l'ascension sociale a reposé, dès les années 1970, sur l'acquisition de capital culturel plus que sur l'accumulation de capital économique. Ce groupe social connaît une importante déstabilisation sous les effets conjugués du désengagement de l'État, des défaites politiques de la gauche ou de l'affaiblissement du poids de la culture savante au sein des classes supérieures. Cet ouvrage propose une enquête qui permet de rendre compte de ce déclin.