Ces entretiens permettent de saisir le caractère d'un homme au-delà des mots. Ray surgit d'une chambre d'hôtel, timide et maladroit, s'écroule dans son canapé après cinq heures de travail ou cite Nietzsche en regardant les eaux bleues du détroit de Juan de Fuca. Il fume, il mange, il se penche vers son interlocuteur pour lui parler à voix basse, s'assurant d'avoir bien saisi chaque question. Humble et bienveillant, il fait souvent preuve d'humour et ne manque pas une occasion de rendre hommage à ceux qui l'ont influencé. Reconnaissant envers la vie de lui avoir accordé une « seconde chance », il ne cesse de travailler et témoigne de sa « foi envers les choses de ce monde ».Devenu Carver, Ray affirmait que tout restait à faire. Il aimait comparer sa vie à un champ à labourer qu'il contemplait avant de mourir en déclarant : « Je crois aux miracles et à la renaissance. » Fanny Wallendorf