Christiane Pighetti a traduit des poèmes de Chalamov, Essenine, Mandelstam et le poème fondateur de la nation russe écrit au XIIe siècle, La Geste du Prince Igor (collection Minos). Il était naturel qu'elle veuille se confronter au prince des poètes russes, Alexandre Pouchkine (1799-1837). Après une vie de désordres, après les clubs révolutionnaires, les innombrables duels, les écrits séditieux et tout ce qui lui valut l'exil de ses jeunes années, c'est-à-dire, l'assignation à résidence hors de la capitale sous Alexandre 1er, Pouchkine, en dépit du succès foudroyant de ses premières œuvres, lance le jour de son 29e anniversaire : « Vie, don inutile, don fortuit / à quoi bon m'es-tu donnée ». La conscience, le remords et la conviction intime de son iniquité, hantent l'œuvre des dernières années. Il se sent poursuivi par un homme noir, menacé par un malheur qu'il ne peut ni éviter ni prévoir. Lecteur assidu de la Bible à laquelle, en filigrane, il fait partout référence, il a la conviction que l'inspiration est authentique révélation et, jusqu'à la veille de sa mort, souligne le caractère sacré de l'œuvre poétique. Les poèmes publiés en version bilingue sont extraits de l'ensemble de son œuvre et illustrés de croquis souvent plein d'humour de l'auteur.