Une farandole aussi grotesque qu'inquiétante emmène un prisonnier jusqu'au Roi : comme une Shéhérazade résignée et désespérée, le prisonnier évite la mort en racontant une histoire... Celle d'un soldat dans une guerre sans nom. Une guerre moderne, sortie de tout contexte précis mais froide et glaçante. Non pas une guerre de combats et d'explosions, mais une guerre vide, blanche, où l'ennemi est déjà un prisonnier, que l'on surveille et que l'on torture.Une fois le soldat revenu chez lui, le glissement vers la folie se fait plus tangible, et d'ellipses silencieuses en déséquilibres sourds, le récit forme une boucle étrange et étouffante, aux allures de cartoon grimaçantSimon Liberman déploie dans ces pages son trait gratté, expressif, ses masses lourdes, ses personnages difformes et grotesques pour déployer un univers rugueux et d'une grande maturité. Le Talisman est un premier livre brutal, fait d'impressions énigmatiques et d'images marquantes, dont le goût amer reste longtemps en bouche.