le socialisme est l'individualisme intégral. telle est la thèse défendue dans cet ouvrage publié en 1901. elle n'est pas, à l'aube du xxe siècle, si iconoclaste. jaurès n'affirmait-il pas, lui-aussi, que le socialisme n'est rien d'autre que l'individualisme logique et complet ? or eugène fournière (1857-1914), socialiste jauressien et collectiviste convaincu, semble franchir un pas supplémentaire. ne soutient-il pas que le socialisme est un libéralisme d'extrême gauche ? cet ouvrage marquant vient nous replonger dans cette belle époque oú il n'était pas incongru de célébrer les noces de l'individualisme et de la république socialeIl permet de mieux découvrir toute la force de l'individualisme défendu alors dans le camp socialiste et républicain, que l'on aurait tort de rabattre sur l'individualisme réellement existant de nos sociétés contemporaines ou d'identifier à la vulgate néo-libérale qui domine aujourd'hui.Ce travail de redéfinition et cet éloge original de l'individualisme proposés par fournière sont aussi à lire comme une critique conjointe du matérialisme historique et du libéralisme économiqueIls ouvrent à un révisionnisme à la française auquel l'auteur a apporté une part essentielle, aujourd'hui oubliée. et si le socialisme intégral peut et doit s'identifier à l'individualisme intégral , il ne saurait s'accomplir autrement que par la libre association des individus. à travers l'oeuvre et le parcours militant de fournière, l'occasion est ainsi offerte de renouer avec la richesse d'une pensée singulière et radicaleEt de réinterroger le socialisme à son âge d'or, au moment oú après ses multiples défaites, il vient redéfinir l'idéal républicain et démocratique et donner à l'individualisme une signification et une portée politiques que nous avons aujourd'hui perdues.