Résumé
Dans une chronique publiée dans La Fronde, le 5 septembre 1898, Marcelle Tinayre explique que « sous ce titre La Révolte d'Ève paraîtront plusieurs articles sur la condition sociale de la femme, l'amour et le mariage dans la société actuelle et la société future. Ces articles formeront plus tard un volume ». L'ouvrage ne parut jamais, mais sous ce même titre, nous présentons aujourd'hui une sélection des chroniques publiées durant une trentaine d'années par la romancière.Dans sa « Lettre à une inconnue » (17 juillet 1898), elle explicite le rôle qu'elle s'assigne dans le débat intellectuel et politique : « Nous qui avons l'honneur de tenir une plume, nous précisément, comme écrivains et comme femmes, nous devons être la conscience des inconscients, la voix des muets, les complices de toutes les évasions hors des vieux cachots séculaires murés par le prêtre, le soldat, le magistrat. » De 1898 à 1933, en trente-deux chroniques mettant au coeur les relations femmes/hommes se dit aussi trente-cinq ans d'Histoire française« La faillite du mariage » (1898), « Licence et liberté » (1898), « Bas bleus et femmes de lettres » (1903), « Paysanne de France » (1912), « L'amour et les suffragettes » (1913), « Féminisme scandinave » (1923), « Le vote des femmes » (1923), « Si le candidat était une candidate » (1932), à ces sujets innombrables (politique, éducation, mariage, indépendance, servitude, amour...) s'ajoutent des portraits de femmes artistes et de leurs oeuvres, ainsi que quelques incursion en « Terres étrangères » (Turquie, Scandinavie...)Émerge ainsi pleinement la voix singulière et subtile d'une femme engagée, mais irréductible à une quelconque idéologie, dont le regard sans concession reste incroyablement pertinent et acéré, semblant faire écho, souvent, aux questionnements (et régressions) de notre temps, un regard d'autant plus vif qu'il est porté par une écriture d'une grande élégance et une ironie délicieusement efficace.