De Wakkanai, la pointe nord enneigée, jusqu'à l'extrémité australe à Iriomote, non loin de Taiwan, pendant quatre mois j'ai tenté de comprendre cette virgule gigantesque entre l'Eurasie et le Pacifique : Nihon. Le Japon. J'ai tenté d'épuiser l'énergie qui me pousse à apprendre et à apprendre dans l'espoir de trouver je ne sais quel repos, et je n'y suis pas parvenu. Le Japon sans cesse place l'esprit en éveil, l'aiguillonne dès qu'il baisse la garde. Le Japon n'étanche jamais la soif de savoir, tant le savoir, là-bas, est enfermé dans des poupées gigognes à l'infini, à moins que ce ne soit dans un labyrinthe de miroirs renvoyant quelque éclat jusqu'au plus profond des ombres.Ceci est le journal de quatre mois ayant eu comme camp de base, à l'été et à l'automne 2012, la villa Kujoyama, à Kyoto. Prions tous les kamis de toutes les montagnes pour que, sur les hauts de Kujo, cette villa continue d'exister longtemps, pour le bonheur de ceux qui m'y succéderont.E. F.