Pierre Torres est un terroriste. C'est du moins ce qu'il a découvert, un jour d'août 2014, alors qu'il déposait une simple demande de passeport : « Vous êtes inscrit au fichier des personnes recherchées. » Pierre Torres est un otage. C'est de cette manière que le grand public l'a découvert, à l'été 2013. Pendant près d'un an, son portrait a été affiché, jusqu'au fronton des mairies : « Pierre Torres, otage en Syrie. » Pierre Torres est un blogueur, un photographe, un dessinateur. Cherchant à comprendre les révoltes arabes qui se sont propagées de pays en pays à partir de 2011, il a tenté de participer, à sa façon, à ce mouvement de fond qui dépasse largement la Libye ou la Syrie. Il a navigué dans ces révolutions, parfois seul, parfois avec des amis. Il y a fait des rencontres et vécu la détention. Il a croisé la route de ces lointains « ennemis » qui, pourtant, viennent parfois d'« ici ». De retour en France, il a entamé un dialogue avec Laurent Borredon, spécialiste des questions de sécurité au journal Le Monde. Ensemble, ils ont décidé de raconter l'expérience de Pierre Torres et cherché à comprendre ce qu'elle nous apprend des révolutions d'aujourd'hui. Ce livre à deux voix, hybride et surprenant, nous invite à explorer les chemins de l'engagement. Qu'est-ce qui différencie, au juste, un « activiste » d'un « djihadiste » ? Où se situe la frontière entre un « opposant » et un « révolutionnaire » ? Pourquoi les services de sécurité sont-ils si prompts à habiller tout contestataire en « terroriste » ? Comment se libérer de ces étiquettes aléatoires qui servent trop souvent à écraser l'espoir ?