Du XVe au XVIIe siècle, l'Europe chrétienne (catholique comme protestante) fut prise d'une brusque frénésie contre la sorcellerie. Des dizaines de milliers de personnes, accusées à tort ou à raison de pratiques démoniaques, furent torturées avant de se retrouver dans les flammes des bûchers. L'écrasante majorité des victimes furent des femmes. Il n'y a là aucun hasard.Dans ce pamphlet paru en 1999, Françoise d'Eaubonne pose l'hypothèse, vingt ans avant Mona Chollet, que la chasse aux sorcières est d'abord une guerre contre les femmes, leurs pratiques et leurs pouvoirs réels ou supposés. Elle invente, en passant, le mot sexocide, comme elle a inventé les mots phallocrate et écoféminismeSalve violente contre une misogynie inscrite dans l'histoire, cet essai frappe par son caractère visionnaire. La préface de Taous Merakchi l'éclaire d'un jour nouveau : sorcière moderne, volcanique et provocatrice, l'autrice du Grand mystère des règles (2017), de Witch, Please et de Vénère (2022) emprunte le chemin ouvert par Françoise d'Eaubonne pour se réapproprier, non sans humour, sa puissance féministe.