Comme Doubar (éditions des Syrtes, 2021), ce recueil de cinq récits est consacré aux camps staliniens où l'auteur a passé quatorze ans de sa vie (1938-1952). Rescapé de la Kolyma, Demidov en a expérimenté et observé le fonctionnement dans ses infimes détails en tant qu'acteur et victime. Son expérience est divisée en séquences peuplées de personnages dont les situations illustrent toutes les facettes de la vie des camps. Il donne ainsi un tableau extrêmement précis de cet univers concentrationnaire. En tant que témoin fiable et impartial Demidov apporte ce qui n'est documenté par aucune archive historique : les sentiments, les émotions, les stratégies de survie...Ces récits constituent un témoignage littéraire de valeur inestimable non seulement sur les faits et les pratiques des camps, mais également, sur les particularités de l'imaginaire des bagnards. Malgré la dureté déshumanisante de la routine des camps, ils connaissent des sentiments forts, notamment l'amour. À travers cette mise en scène de l'extraordinaire, Demidov parvient à dire la terrible « banalité » du Goulag