Résumé
«La belle insolence, l'insolence des poètes, la douloureuse fierté qui est la leur, c'est aussi leur courage : ils croient toujours, comme le croyait Breton en 1926, que chacun d'eux a été choisi et désigné à lui-même entre mille pour formuler ce qui, de notre vivant, doit être formulé. Aujourd'hui comme en 1926, ou même comme en 1932, au moment de ce qu'on a appelé l'affaire Aragon, les poètes ont leurs mots à dire, qu'ils disent parfois seuls, que ce soit en Tchécoslovaquie, à Cuba, aux États-Unis, en U.R.S.S., où même, on a un peu trop tendance à l'oublier, - en France. En acceptant le principe de la réédition de ses deux premiers recueils de poèmes, Feu de joie et Le Mouvement perpétuel, qui correspondent à la période de la rédécouverte de Lautréamont, à l'époque de Dada et aux préparatifs du surréalisme, Aragon réactualise en fait ce que nous avons besoin, aujourd'hui plus que jamais, de réactualiser : la volonté de transformation du monde, l'exigence de refonte complète de l'entendement humain, le refus de toutes les formes de dictature et d'oppression de l'État, mais aussi tout ce à quoi peut faire appel ce qu'Aragon a nommé le rire sauvage de l'existence».Alain Jouffroy.