En Haïti deux demi-soeurs grandissent à l'ombre d'une femme sauvagement autoritaire, sous le regard fantomatique et fantasmé d'un père absent. Nées le même jour de deux mères différentes, elles se ressemblent étrangement. De Lorette ou de Claudette, laquelle est légitime ? Fortes du pouvoir de cette gémellité inexpliquée, les jeunes filles grandissent entre violence et sensualité, comme dans une lutte charnelle et viscérale menée pour s'extraire des carcans imposés à la fémininité par la religion et par la misère d'une île exsangue mais vigoureuse. La rue Saint-Nicolas est l'un de ces lieux qui enferment et qui scellent l'être à sa condition et dont il faut s'arracher, quitte à y laisser quelques lambeaux de peau et d'être. Comme une mise en abyme des migrations subies, ce récit schizophrénique plonge le lecteur dans les affres de la quête d'identité. Celle de ceux qui cherchent à prendre forme et dignité entre l'exil et le retour.