Résumé
François Ruffin : J'ai 30 ans, c'est à peu près l'âge que vous aviez à la Libération. Mais le climat, qui est le climat d'aujourd'hui, c'est un climat de... résignation.Maurice Kriegel-Valrimont : Je vais prendre deux moments. En 1934, les fascistes manifestent, ils essaient de prendre le pouvoir. C'est sérieux ! En 36, c'est le Front populaire. En deux ans, non seulement vous avez un recul du fascisme, mais d'une certaine manière en France, le fascisme est battu... En deux ans...Mais ça ce n'est rien du tout. En 42... Stalingrad est à portée de la conquête des Allemands. C'est-à-dire : c'est fini ! Le monde est sous la botte fasciste... Et en 44, Paris est libéré... (Rires.)Là, j'ai imaginé... vous savez, nous avons été dans la même cellule avec Aubrac, avec Ravanel, à Lyon, et si l'un de nous, un soir, une nuit, s'était réveillé... Si l'un de nous avait dit que dans deux ans Paris serait libéré, les autres auraient passé le reste de la nuit à rigoler ! C'était invraisemblable... et c'est deux ans. (Rires).C'est ça ma réponse...Sur les photos, dans les films, Maurice Kriegel-Valrimont (1914-2006), c'est le jeune homme à lunettes debout derrière le général Leclerc, le jour de la Libération de Paris, en août 1944, tandis que le général von Choltitz est fait prisonnier. Mais ce n'est pas avec un « ancien combattant » qu'on vient discuter : c'est avec un militant au présent, toujours soucieux de « chercher la force motrice » à gauche, qui rouvrira l'espoir.