Ce court texte d'Alain Giorgetti se présente comme un discours, prononcé à Alger le 5 juillet 2022 par le nouveau président élu de la République française. Au pied du Monument aux Martyrs, pour la première fois depuis soixante-dix ans, un chef d'État s'adresse au peuple et au gouvernement algériens afin d'apaiser les mémoires. Pour cela, il va, sans détour, reconnaître les horreurs commises par la France sans chercher à les nuancer au nom de prétendus « bienfaits de la colonisation ».N'hésitant pas à prononcer les mots qui fâchent, persuadé que réécrire l'histoire c'est mettre la vérité historique au cachot, ce président ne veut plus faire « comme si ». Au nom des valeurs républicaines, il décide, entre autres, de rendre publiques les archives de l'armée française, afin que tout un chacun, Français comme Algériens, aient libre accès au récit des crimes ordonnés et commis par le haut commandementRappelant au prix de quelles violences l'État français a imposé sa loi et son idéologie au peuple algérien, ce président s'exprime sans ambiguïté : « Le temps est venu de mettre fin à plus d'un siècle d'hypocrisie et de mensonge. Il est temps, pour l'État français, de faire amende honorable et de venir présenter ses excuses à l'État algérien. » Détournant les codes du discours officiel, qui sous couvert d'adresse à une population, n'est souvent que prétexte à platitudes bien pensantes, Alain Giorgetti écrit « le » discours qu'aucun président français n'a jamais eu le courage ni la vertu de prononcer.