Juste le ciel et nous. Annie Agopian e´tait en train de regarder les images du ciel de Bagdad crible´ de missiles en 2003, avec leur belle trace de lumière derrière. Elle s'interrogeait sur ce que l'on voit dans le ciel, loin de toute conside´ration mystique. Le ciel comme une cartographie du monde dans laquelle se tracent les routes des nomades et des exile´s. Le ciel comme dernier repe`re pour les sans-frontie`res. Le ciel infini. Le ciel et notre regard perdu dans lui. Notre regard et son questionnement sur notre existence. Regarder le ciel et penser a` la terre, ou` finissent nos vies. Juste le ciel et nous est tout a` la fois une cartographie, un pamphlet politique, une re´flexion philosophique. C'est un long poe`me que l'on peut lire d'un bout a` l'autre, et inversement. C'est aussi un e´cho a` la poe´sie du de´sert de l'ante´-islam, la Mu'allaqa, dont celle d'Imru-l-Qays consacre un paragraphe a` la nuit, comme les vagues de voiles lourdes de tant de peine, arrime´es aux roches sourdes par des cordes de lin, dont le poe`te implore qu'elles se le`vent et laissent place au matin. Carole Chaix s'est empare´e de ces mots clefs : cartographie, nomadisme, peine, violence des hommes, chemin de vie, de haut en bas, du ciel a` la terre, les racines, et l'homme au-dedans. Juste le ciel et nous s'est transforme´ en dessins au trait, qui mis bout a` bout forment une carte ou un organigramme, qui pris individuellement forment les pages d'un cahier secret.