Après le décès de son père, Joëlle Leblanc remonte le fil des événements qui, quarante ans plus tôt, le 20 décembre 1975, ont conduit à la mort d'un homme et à l'effacement d'un autre, dans un petit village varois proche de la Méditerranée. Événements prenant eux-mêmes racine dans ceux qui, en Algérie, avaient abouti une décennie plus tôt à une indépendance. En une intense succession de flash-back, celle qui était alors une gamine d'une dizaine d'années raconte la séparation de ses parents, ce que devint son père et ce qui provoqua son exil à elle loin du territoire chéri de l'enfance.À travers ce roman qui questionne avec acharnement l'articulation des destins, l'autrice sonde les mouvements d'une époque toute à ses révolutions et à ses meurtrissures, où les uns en terminent avec le pardon quand les autres en sont encore à le chercher. Une histoire à hauteur d'hommes, où la traîtrise, le remords, la lâcheté mènent un jeu d'ombres et de dupes. Dans un coin reculé de Provence plus traversé qu'on ne croit par l'histoire coloniale de la France, Isabel Ascencio montre aussi comment les événements d'Algérie toujours vifs dans les mémoires n'en finissent pas d'interroger ce que veut dire être chez soi.