Mai 45, libération du camp de T érézin. Un air de jazz siffloté par un petit tchèque aux oreilles en choux fleur bouleverse l'un des rescapés des camps qui vient d'échouer ici, au terme d'une longue marche de la mort. L'enfant s'appelle Léo Radek. Il est le dernier enfant survivant de T érezin, antichambre de la mort pour des milliers de juifs, où les nazis parquèrent des artistes pour servir de vitrine en une sordide mascarade. Lui aussi est bouleversé par la rencontre qu'il vient de faire : cet homme décharné, fiévreux, au regard bienveillant et si transparent, parle ce français qu'il aime, et c'est un poète. Il s'appelle Robert Desnos. Comme un grand frère protecteur, le poète qui se meurt, trouve encore une fois les mots. Une rencontre inoubliable où la poésie triomphe sur la barbarie.