Dévastée par la guerre, la France de 1944 doit entièrement se reconstruire. Déchirée par quatre années d'autocratisme, elle aspire à un renouveau démocratique. Un double défi, alors que le pays s'apprête à mener deux nouvelles guerres, en Indochine puis en Algérie, et à connaître deux changements de régime.Ce qu'Herrick Chapman appelle la «longue reconstruction» de la France se prolonge jusqu'à la fin de la décolonisation. Le terme même de reconstruction sert de mot d'ordre aux politiques publiques jusqu'au début des années 1960. Il est utilisé aussi bien à gauche par un Pierre Mendès France désireux de rénover l'économie qu'à droite par un Michel Debré soucieux de mener à terme l'oeuvre amorcée par le général de Gaulle.Durant ces trois décennies, plus tumultueuses que glorieuses, le nouvel État français, fer de lance de la modernisation, s'infiltre dans toutes les aires de la vie économique et sociale. Loin de se résorber, les tensions entre les transformations imposées d'en-haut par l'élite technocratique et la demande de démocratie des citoyens de base s'institutionnalisent. Elles instillent dans la vie politique française un esprit de contestation toujours actuel.Cet ouvrage de l'historien américain Herrick Chapman, spécialiste de la France et professeur à l'Université de New York, est initialement paru en 2018 chez Harvard University Press, sous le titre France's Long Reconstruction. Traduit de l'anglais (américain) par Odile Demange.