« J'avais beau tenter de résister, cette femme sur son île s'était insinuée dans ma plume, dans tous mes gestes, et c'est ainsi que fonctionnait ma vie. ».Hybride entre roman, enquête historique et essai, La Femme ourse raconte un moment décisif de la vie de deux femmes, séparées par près de cinq sièclesLa première est Marguerite de la Rocque, une jeune femme française ayant embarqué pour un bateau en direction du Nouveau Monde en 1541. Pendant la traversée, on découvre qu'elle est enceinte. Elle sera laissée sur une île déserte de l'Atlantique Nord, avec une servante et le père supposé de l'enfant. Après la mort de ses deux compagnons et du nourrisson, Marguerite survivra deux ans sur cette île, d'où elle sera secourue par des marins. Les récits de sa survie faits par Marguerite de Navarre ou André Thevet au xvie siècle, relatent qu'elle fût trouvée vêtue seulement d'une peau d'oursLa narratrice du roman, une journaliste et écrivaine suédoise (miroir de l'auteure), raconte un long hiver nordique alors qu'elle est mère de trois jeunes enfants. Alors qu'elle lutte pour trouver l'espace mental et physique nécessaire pour se consacrer à l'écriture, elle entend parler de l'histoire de Marguerite de la Rocque. Très vite, son intérêt tourne à l'obsession, et elle entreprend de raconter cet événement dans un roman. Mettant ses pas dans ceux de Marguerite, elle utilise l'écriture pour se réapproprier la solitude, la craignant et l'enviant à la fois. L'histoire de Marguerite comprend ses peurs les plus primales, comme la mort d'un enfant, la solitude, la vulnérabilité de sa condition