Les actes violents commis au nom d'une cause ne sont pas quantifiés, contrairement à ceux de la délinquance dont les statistiques se voient diffusées régulièrement. Pourtant, les images des violences politiques s'invitent chaque jour dans nos salons: attentats, dégradations d'équipements publics, séquestrations, etc.Prenant froidement le parti des chiffres, les auteurs ont constitué une base inédite de quelque 6 000 épisodes de violence politique survenus de 1986 à nos jours, en les catégorisant selon la nature de la cause défendue: idéologique, indépendantiste, religieuse, professionnelle ou sociétale.Leur approche à la fois quantitative et narrative, portant sur une trentaine d'années, fait tomber nombre de présupposés du débat politico-médiatique. Sans masquer la tragédie des attaques terroristes ni les manifestations émeutières des années récentes, elle nuance l'idée d'un regain de violence politique en France, où le nombre d'atteintes aux personnes est aujourd'hui très inférieur à celui des atteintes aux biens. Elle confirme un net recul de la violence indépendantiste, mais révèle aussi toute la palette d'expressions d'une colère grandissante contre la démocratie représentative.