Vu de France, une bonne partie des Américains, notamment ceux qu'on rassemble désormais sous l'étiquette du Tea Party, semblent tout bonnement en proie à un délire collectif. Sur fond de fanatisme religieux et de rejet de tout ce qui vient de l'État (les aides comme les taxes, l'école, la santé, et même les forces de l'ordre), ils clament que « Greed is good », et s'assignent une nouvelle mission :« Réduire le gouvernement de façon à pouvoir noyer ce qu'il en reste dans une baignoire », au bénéfice du chacun pour soi, autrement dit de la sacro-sainte libre entrepriseComment s'est constituée cette idéologie de la haine des assistés, trop vite assimilée à un poujadisme yankee ? Quels sont ses penseurs, ses relais et ses boucs émissaires ? Quels buts vise-t-elle explicitement ? On aurait tort de ne voir là qu'une péripétie du débat outre-Atlantique. Car ce mouvement répond à une conséquence globale de la mondialisation qui fait qu'aux États-Unis comme en Europe le citoyen est en passe de perdre le traitement de préférence économique, légale et statutaire, qui le distinguait de l'étranger, et que tous les États-nations modernes voient leur pouvoir, leur souveraineté et leurs prérogatives, remis en question par l'ouverture des frontières économiquesÀ travers le décodage idéologique de cette nouvelle droite américaine, il s'agit de comprendre une révolution dans l'ordonnancement des sociétés humaines, dont la radicalité n'apparaît pas encoreMais, comme toute révolution, celle-ci a été précédée d'une longue maturation intellectuelle dont peu d'Européens ont conscience, et dont ce livre donne toutes les clés.