Depuis des années, une pulsion presque quotidienne pousse l'auteur à « voler des gens », du moins un épisode fugace de leur existence. Dans le métro, la rue, au café, sur la plage, Arnaud Cathrine capte les vies potentielles de celles et ceux qu'il croise, et qui le renvoient à ses propres fantasmes. Au fil de ces soixante-cinq récits brefs (écrits sur le vif ou revisités a posteriori), on peut lire un portrait troublant d'une caissière râleuse de son supermarché, une scène de rupture amoureuse à la table voisine d'un café réinterprétée par ses soins, une ébauche de drague sur une plage nudiste en baie d'Arcachon, une plongée dans le visage d'une lectrice du métro ou une biographie rêvée d'une resquilleuse dans le train pour Deauville, un tête-à-tête au restaurant entre un père et son fils, à première vue, mais plus certainement un couple d'amants, une brève filature de son mystérieux voisin d'en face, qui s'avère être une âme errante de « l'utra-moderne solitude »... Un autoportrait en écho, impudique parfois, car il met à nu le désir de l'auteur autant qu'il révèle ces hommes et femmes observés.