L'expérience de la wilderness, l'espace sauvage américain, est traditionnellement associée à l'écriture de la nature, ou nature writing, en particulier avec Henry D. Thoreau, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Or, celle-ci est apparue bien avant, dès les écrits du naturaliste William Bartram, inspirant fortement deux écrivains français de renom - François-René de Chateaubriand et Alexis de Tocqueville - qui ont décrit, entre 1775 et 1831, les splendeurs des grands espaces naturels se déployant en innombrables déserts, forêts, fleuves ou lacs.Portés par la vogue américaine issue des romans de James Fenimore Cooper, Chateaubriand et Tocqueville font naître l'écriture littéraire de la nature en s'inspirant in situ des solitudes du Nouveau Monde. Thoreau puis John Muir viendront parachever ce premier élan en consacrant l'autonomie d'un genre nouveau, promis de nos jours à un essor toujours plus grand.