La peinture de Robert Combas pense. Il peint très vite parce que c'est une pensée qui recouvre la toile. Il ne faut pas qu'elle lui échappe, elle est au bout de son pinceau, elle frémit, elle va s'envoler. Toute la peinture de Robert Combas virevolte autour de lui, toutes les couleurs se projettent partout sur les murs alentour, sur les tables et les chaises, le plafond et le plancher, comme si tout se mettait à bouger, faisant trembler tout l'atelier où il travaille. Comme si tout devenait vivant quand il peignait. Comme si tout devenait des corps en mouvement. Comme si les pinceaux, les stylos et les crayons devenaient une immense foule d'êtres vivants qui éclaboussaient de leurs pieds la toile que Robert Combas avait tendue devant lui.Robert Combas plonge en lui-même comme vers sa propre fin : il peint et il se noie dans l'eau, il peint et il étouffe dans l'air, il peint et il s'asphyxie dans la terre. Mais il peint encore et, à y regarder de plus loin, il ressuscite dans la lumière.