S'interroger sur la place du désir en islam est loin d'être anecdotique tant celui-ci y est tabou et central à la fois. Tabou en ce qu'un certain nombre de théologiens fondamentalistes voient dans le désir une forme de dévoilement diabolique. Central en ce qu'il est essentiellement humain, voire même profondément spirituel. Par essence, l'islam embrasse de nombreux aspects de la vie et codifie le lien au corps. Et alors que dans une vision dogmatique de l'islam, le désir est une réalité refoulée et donc proscrite, pour Malek Chebel il en est, au contraire, une part essentielle, anticipation du Paradis, et condition du bonheur ici-bas. A travers l'étude de la calligraphie, du tatouage, de l'amour des pierres précieuses, de l'art des jardins, etc, l'auteur nous relève l'importance du beau et du nu en islam, reflets d'une existence de plaisir tout autant que d'une attitude spirituelle. Face au constat tragique de l'affaiblissement du Logos en terre d'islam, il faut initier une nouvelle théologie, celle de la Raison face à l'idéologie assassine, celle de la Lumière face à l'obscurantisme, celle de la paix face à la monstruosité du crime, celle du désir face à l'interdit. Un véritable traité du bonheur en terre d'islam.